Conflit Iran-Israël : comprendre les racines idéologiques et stratégiques

Comprendre les racines idéologiques du conflit Iran/Israël
Conflit Iran-Israël, ces racines idéologiques et stratégiques qui divisent la région Téhéran/Jérusalem. Le conflit qui oppose l’Iran et Israël, récemment ravivé par des frappes américaines et israéliennes sur des sites nucléaires iraniens, plonge ses racines dans une histoire complexe, faite de ruptures, d’idéologies antagonistes et de rivalités géopolitiques qui façonnent aujourd’hui la stabilité de tout le Moyen-Orient. Comprenons les enjeux.
Par notre correspondant international
Samuel Flegman
Des relations cordiales devenues hostiles
Avant la révolution islamique de 1979, l’Iran du Shah, Mohammad Reza Pahlavi, entretenait des relations diplomatiques et une coopération stratégique avec Israël. Les deux pays partageaient des intérêts économiques et militaires, notamment dans le domaine de la sécurité régionale, de l’énergie et du renseignement. L’Iran fut même l’un des premiers pays à majorité musulmane à reconnaître l’État hébreu, en 1950, et à établir des relations officielles. Les échanges étaient alors nombreux, allant de la formation militaire à la fourniture de pétrole. Mais tout bascule en 1979 avec l’arrivée au pouvoir de l’ayatollah Khomeini. La révolution islamique renverse le Shah et instaure une République islamique qui rompt immédiatement toute relation officielle avec Israël. Le nouveau régime adopte une rhétorique ouvertement hostile, dénonçant l’existence même de l’État juif, qu’il considère comme une entité illégitime, et soutenant la cause palestinienne. Cette rupture marque le début d’une période de tensions qui ne cesse de s’aggraver depuis.
Une guerre par procuration
Depuis lors, l’Iran s’est imposé comme le principal adversaire régional d’Israël. Il soutient militairement et financièrement des groupes armés hostiles à Israël, comme le Hezbollah au Liban, le Hamas à Gaza ou le Jihad islamique palestinien. Ces organisations mènent des attaques contre Israël, qui réplique par des frappes ciblées, des opérations de renseignement et des actions préventives. Cette guerre par procuration alimente une instabilité chronique au Moyen-Orient, complique toute perspective de paix et renforce la méfiance entre les deux pays. Bref, le soutien iranien à ces groupes a permis à Téhéran d’étendre son influence dans la région, tout en limitant le risque d’une confrontation directe avec Israël. Mais cette stratégie a aussi provoqué des conflits dévastateurs, comme la guerre du Liban de 2006 ou les multiples affrontements à Gaza. Chaque camp accuse l’autre de violer les règles du droit international et de menacer la sécurité régionale. Les civils, pris en étau, paient souvent le prix le plus lourd.
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La question nucléaire au cœur des tensions
Cependant, la crise s’est encore aggravée avec la question du programme nucléaire iranien. Israël, qui considère l’Iran comme une menace existentielle, accuse Téhéran de chercher à se doter de l’arme atomique. Les dirigeants israéliens évoquent régulièrement la possibilité d’une frappe préventive pour empêcher l’Iran d’acquérir la bombe. L’Iran, de son côté, dénonce la politique israélienne et ses liens privilégiés avec les États-Unis, tout en affirmant que son programme nucléaire est strictement civil. Les négociations internationales, notamment l’accord de Vienne de 2015, ont tenté de réguler ce dossier, mais leur efficacité a été remise en cause par le retrait américain en 2018. Les attaques récentes sur des sites nucléaires iraniens, menées par les États-Unis avec le soutien d’Israël, ont encore accru la tension et la méfiance entre les deux pays. Chaque frappe, chaque représaille, chaque déclaration belliqueuse rapproche la région d’un point de non-retour.
Un conflit qui dépasse les frontières
Le conflit Iran-Israël n’est pas seulement une affaire bilatérale. Il implique de nombreux acteurs régionaux et internationaux, dont les États-Unis, la Russie et les pays du Golfe. Les États-Unis, alliés indéfectibles d’Israël, multiplient les sanctions contre l’Iran et soutiennent militairement l’État hébreu. La Russie, de son côté, tente de jouer un rôle d’intermédiaire, tout en maintenant des liens économiques avec Téhéran. Les pays du Golfe, notamment l’Arabie saoudite, voient en l’Iran une menace majeure et se rapprochent d’Israël dans une alliance de circonstance. Or, les frappes, représailles et manœuvres diplomatiques se multiplient, faisant craindre une escalade incontrôlable. Les conséquences de ce conflit dépassent largement les frontières du Moyen-Orient et menacent la stabilité mondiale, notamment sur les marchés de l’énergie et la sécurité maritime dans le golfe Persique.
Les grandes étapes du conflit
1979 : Révolution islamique en Iran, rupture avec Israël.
Années 1980-1990 : Soutien iranien aux groupes anti-israéliens, début de la guerre par procuration.
2006 : Guerre du Liban entre Israël et le Hezbollah, soutenu par l’Iran.
2015 : Accord nucléaire de Vienne, tentative de désescalade.
2018 : Retrait américain de l’accord, reprise des tensions.
2025 : Frappes américaines et israéliennes sur les sites nucléaires iraniens, escalade majeure.
En somme, les origines du conflit entre l’Iran et Israël sont donc à la fois idéologiques, stratégiques et historiques. Alors que la région s’enfonce dans une nouvelle spirale de violence, la communauté internationale appelle à la désescalade et à la recherche de solutions diplomatiques. Mais, pour l’instant, la paix semble plus éloignée que jamais. Les enjeux géopolitiques, les rivalités de pouvoir et la question nucléaire continuent de peser lourdement sur l’avenir du Moyen-Orient et du monde.
S.F.